L’aventure « Femmes Leaders de demain » se poursuit.
Après le lancement du programme en juillet dernier et successivement de l’appel à candidature pour participer à la formation en développement personnel, en renforcement et en construction des capacités politiques pour les tunisiennes candidates aux élections municipales, voici venu le temps de la réflexion et de l’échange dans un climat d’incertitude généralisé.
Prévu pour le 17 décembre 2017, ce rendez-vous électoral a été reporté au 25 mars 2018 pour des raisons légales, juridiques, financières, techniques et logistiques.
Rappelons que ces élections municipales s’insèrent dans le cadre plus large de la décentralisation ; une autre révolution pour la Tunisie post-Benali.
Dans ce contexte, la loi sur les collectivités locales n’a toujours pas été votée par le parlement.
A cela s’ajoute l’impréparation d’une grande majorité des partis politiques à penser et à exécuter l’obligation de la parité horizontale et verticale.
Certains d’entre eux peinent à se structurer et à s’organiser. Reflet d’une crise profonde du politique, ils sont fortement fragilisés par des luttes internes, des scissions, des recompositions, des défections et la défiance d’une partie importante de leur base électorale : nous avons rencontré beaucoup de jeunes tunisiennes qui ont l’intention de constituer des listes indépendantes.
Actions in the Mediterranean s’est adapté à ce changement en réunissant toute l’équipe, à Tunis du 8 au 12 novembre 2017, autour de 3 axes principaux: le contenu de l’offre de formation, le processus de sélection des participantes et la relation partenariale.
Avant tout et pour situer notre intervention dans le champ légal et politique tunisien, Anwar Mnasri, juriste et juge au tribunal administratif de Tunis, nous a présenté la loi électorale en l’état. Ensuite, à partir des formulaires de candidature déjà reçues, nous avons fait connaissance avec nos potentielles participantes qui nous viennent essentiellement de Sfax, Ariana, Bizerte, Sousse, Medenine, Tunis, Kasserine, Kébili.
Les informations recueillies avec ce premier dépouillement sont d’une grande aide dans la définition des différents modules et des modalités du processus de recrutement. La deuxième journée, nous avons accueilli Mohsen Ben Abdallah de l’ADCS (association de Développement et Communication Sociale) et les participantes à son projet « Femmes à la conquête des municipales » pour un échange d’expérience et de bonnes pratiques. Au-delà, nous avons eu l’opportunité de discuter avec des jeunes femmes pour qui le projet de se présenter aux élections municipales est soit déjà acté, soit en cours de confirmation. Une riche rencontre qui a confirmé la pertinence du projet « Femmes Leaders de demain » et les besoins énormes en renforcement des capacités. Ces débats ont aussi souligné l’extrême violence dont sont victimes les femmes qui démontrent une ambition politique et citoyenne au niveau de leur commune. Ce climat impacte fortement le projet de ces femmes, voire même les pousse à renoncer, et affaiblit leur confiance en elles.
Elément clé, cette problématique de la violence sera adressée dans notre programme de formation.
Dans un second temps, nous avons concentré nos efforts sur l’analyse du processus de recrutement qui a démontré la nécessité de renforcer la diffusion de l’information via la publication d’annonces dans la presse traditionnelle et le recours à la radio et aux médias locaux. A ce propos, nous sommes heureux d’annoncer le soutien de l’Institut français de Développement de Tunis, qui nous permettra d’engager un-e expert-e en communication et en média.
Enfin, cette réunion a été aussi l’occasion de revoir nos partenaires associatifs tunisiens et d’aborder le contexte politique notamment en lien avec les élections municipales et la mobilisation des femmes dans un climat peu propice à leur participation. Il a aussi été question de leur rôle au cours de nos deux cycles de formation à partir de leur expertise et de leur expérience.
A l’issue de ces 3 jours de travaux, le calendrier d’exécution du programme et le processus de recrutement ont été revus et le programme de formation a été élaboré.
Prochaine étape : janvier 2018, les interviews pour le recrutement des participantes à nos deux cycles de formation prévus fin janvier et fin février, avant le lancement de la campagne électorale.
A suivre…