Credit Photo : Rachel Unkovic/International Rescue Committee | DFID – UK Department for International Development
Expulsion des Chrétiens de Mossoul – Un acte barbare qui rappelle des souvenirs amers et souligne la nécessité de rester solidaires face à toutes les exactions au Moyen Orient
En Irak, à Mossoul, l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant), également connu sous le nom de Daesh (en arabe) et ISIS (en anglais) marque les maisons des Chrétiens de la lettre « noun », le N Arabe. Ce « N » en question fait référence à « Nassara », ou « Nazaréens », mot jadis utilisé pour faire référence aux Chrétiens.
Les Chrétiens se sont vus notifier un ultimatum par l’EIIL : Se convertir à l’Islam, quitter le « Khalifat », payer un impôt spécial pour les non-musulmans ou subir le glaive. La possibilité de rester en payant un impôt aurait par la suite été retirée. Certains auront choisi de se convertir et de rester sur place. Beaucoup ont cependant décidé de partir. Inévitablement, cela a mené à un exode, vidant ainsi cette région des Chrétiens qui y vivaient pourtant depuis des siècles. Les habitations marquées d’un N ont été saisies et sont désormais “biens immobiliers propriétés de l’État islamique”.
Cette exaction de plus vient s’ajouter à une liste déjà bien longue d’autres actes barbares commis par l’EIIL, dont le viol de femmes, la destruction du patrimoine culturel et historique Irakien ou encore l’usage de la crucifixion comme forme de châtiment.
Le Secrétaire Général des Nations Unis a précisé que cette dernière provocation de l’EIIL pouvait potentiellement constituer un crime contre l’humanité. En tant que citoyenne du monde et femme politique, mais aussi en tant que femme juive, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec une autre époque où, en Europe, une communauté toute entière était stigmatisée du simple fait de son appartenance religieuse et où, là aussi, des maisons étaient ainsi marquées. Je ne peux dès lors que dénoncer, et de toutes mes forces, ces actes inqualifiables et appeler à la mobilisation de la Communauté internationale pour y mettre fin immédiatement.
Ici et là, des appels sont lancés pour soutenir les communautés Chrétiennes du Moyen Orient contre cette barbarie. Certains vont jusqu’à légitimer des régimes dictatoriaux et sanguinaires, dont celui des Assad, au motif que eux, au moins, représentent une sécurité pour les minorités qui y vivent. Je m’inscris en faux contre ce courant de pensée. La montée en puissance de l’EIIL est en réalité une conséquence directe de l’incapacité de la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à faire régner le droit international en Syrie et ailleurs au Moyen Orient. Ce groupe sans foi ni loi se nourrit des cendres provoquées par le conflit Syrien et de la barbarie du régime Assad. Avant d’être un acteur de ce conflit, il en est surtout le produit et la conséquence. Je dirais même que son expansion est favorisée par le régime Assad qui y voit un atout pour sa propre survie.
Le Moyen Orient vit probablement en ce moment des tensions extrêmes. La multiplication et la superposition des conflits constituent un défi majeur et amènent inévitablement à une dispersion des énergies. Il importe néanmoins d’éviter des amalgames et les réflexes communautaristes. L’ensemble des victimes méritent notre soutien, qu’elles soient des civils de Gaza, de Syrie, d’Irak ou d’ailleurs. Et il importe de continuer à dénoncer avec la même force les violations et exactions dont elles font l’objet.