Tunisie : dernière ligne droite avant les élections municipales du 6 mai
Les participantes au programme « Femmes Leaders de demain – Tunisie 2018 » avaient rendez-vous du vendredi 23 au lundi 26 mars à Tunis pour continuer à travailler sur leur développement personnel, le renforcement de compétences clés et sur la construction des capacités politiques. Le programme de cette session a été construit sur la base d’une simulation des différentes étapes d’une campagne électorale. Ainsi confrontées à des situations multiples, les participantes ont fait l’expérience du politique.
Dans un premier temps et bien que le Code des Collectivités Locales soit toujours en attente d’adoption, Najla Braham (juge et membre de l’ISIE) et Anwar Mnasri (juriste et juge au tribunal administratif de Tunis) ont exposé en profondeur le cadre légal et réglementaire qui régit cette échéance électorale, permettant ainsi de clarifier et d’apaiser les doutes liés notamment au financement des listes indépendantes.
Vu qu’elles se préparent à intégrer un milieu inconnu et majoritairement masculin où tous les coups sont permis, nos coaches ont entraîné et testé nos participantes afin de les confronter à la réalité du terrain politique. Les différents modules se sont structurés autour de mises en situation concrètes telles que la confrontation avec des adversaires, la prise de parole en public, la synthétisation, l’identification et la présentation d’informations clés et la retranscription d’idées et d’opinions en discours. De même, la formation a mis l’accent sur l’affirmation et le marketing de soi comme fondements du leadership féminin.
Enfin, à partir de l’histoire du Mouvement des Femmes qui revendiquait la fin de la guerre civile au Libéria, notre partenaire associatif tunisien, Free Sight association (Arbia Jebali), a organisé un débat sur le thème « Femmes et paix : impact de la mobilisation des Femmes ». Un moment chargé d’émotion qui nous a rappelé que les femmes, peu importent leurs différences, ont le pouvoir de se mobiliser autour d’un objectif : un projet démocratique fort. Nous en retenons que la démocratie ne connaît aucune frontière et que la solidarité et la détermination sont les puissants catalyseurs des luttes menées par les femmes.
Au fur et à mesure, le groupe a évolué laissant place à des dynamiques favorables à la gestion de la diversité et à des attitudes de travail positives. Dans une ambiance collégiale, chacune a fini par trouver ses repères ; des amitiés et des alliances se sont créées, voire même des projets de collaboration future. Les différences liées notamment aux orientations politiques ont été des richesses que les coaches ont exploité comme autant de ressources à faire valoir dans le processus de construction des identités politiques des participantes. Ces dernières ont fondé les bases de leur leadership, un leadership féminin qui n’aura de sens et de valeur que si le pouvoir sur lequel il se fonde est de nature démocratique.
La formation s’est clôturée par une remise des certificats en présence de la Ministre tunisienne de la Femme, Nazeha Labidi et de l’Ambassadeur de Belgique en Tunisie, Michel Tilemans. L’occasion pour les participantes de challenger la Ministre Labidi sur la politique de son ministère en matière de valorisation des compétences féminines et des projets qui en découlent.
Nous saluons la politique de la Belgique qui vise à renforcer les liens entre les deux pays et à soutenir des initiatives fondamentales dans des domaines aussi variés que l’économie, le social, la culture, la recherche et les droits de l’homme. Cela a été largement démontré par l’Ambassadeur de Belgique, Michel Tilemans et le Délégué Wallonie-Bruxelles, Christian Saelens, qui ont, avec Olivier Poivre d’Arvor, Ambassadeur de France en Tunisie, et la Fondation des Verts Hollandais soutenu notre programme en déployant des moyens importants.
Ainsi, une quarantaine de femmes candidates a pu prendre part à un notre programme qu’elles ont qualifié « d’original, de particulier et très enrichissant ». Une expérience humaine et politique qui ne fait que commencer.
La formation s’est terminée mais le chemin est encore long pour nos participantes qu’elles soient ou non élues. Évidemment, l’obligation de la parité horizontale et verticale consacrera l’entrée des femmes en politique au niveau local mais pour quel changement ? La question de la participation politique des femmes demeure un enjeu majeur de la Tunisie post-Ben Ali et concerne tous les acteurs, du global au local. Autant dire que la mobilisation continue et le travail d’accompagnement d’AIM est loin d’être terminé.
Bonne route à toutes nos candidates et souvenons-nous que peu importe le résultat électoral, elles sont des leaders en herbe.