Le 16 février dernier, nous sommes rentrés d’un voyage passionnant au cœur du Moyen Orient avec un groupe de lycéens et d’enseignants bruxellois ! Après 5 mois de formation et de préparation à Bruxelles, l’asbl que je préside, Actions in the Mediterranean (AIM) a accompagné 47 élèves de 5ème secondaire, issus de 4 écoles bruxelloises , de milieux socio-économiques et socio-culturels très différents, pour la 4ème édition du projet « Israël-Palestine : pour mieux comprendre » : une semaine de rencontres et de visites en Israël et en Palestine.
Ce sont 70 personnes qui ont visité, rencontré, découvert, partagé et analysé les différentes thématiques et problématiques liées au conflit israélo-palestinien. Un voyage plein d’aventures et d’émotions avec une moyenne de 3 rencontres ou visites par jour dont voici les grandes lignes…
Nous avons rencontré l’activiste Yonatan Shapira de l’organisation « Combatants for Peace ». Ancien pilote d’hélicoptère de l’armée israélienne, Yonatan nous a parlé du mouvement des « Refuzniks », du boycott ainsi que des problématiques liées aux migrants en Israël.
Nous sommes allés dans le Neguev pour mieux comprendre les tensions sociales et politiques liées à la communauté bédouine. Nous avons rencontré des activistes et avons échangé avec des lycéens issus de cette communauté sur des questions liées, entre autres, à l’interculturalité en Israël et en Belgique.
De retour à Tel Aviv le soir, nous avons assisté à un concert magnifique du chœur « Rana » réunissant des femmes juives, chrétiennes et musulmanes, suivi d’une discussion à propos de leur groupe, leur travail et leur rapport au conflit.
Sur la thématique de l’occupation, nous avons divisé notre groupe en deux. L’un a suivi l’ONG israélienne « Breaking the Silence » à Hébron, une ville de 150.000 habitants au cœur de laquelle vivent 500 colons israéliens protégés par 2000 soldats. L’autre groupe a été à Jérusalem Est, guidé par l’ONG israélienne “Ir Amim”, qui nous a expliqué les mécanismes de la colonisation dans cette ville.
Nous avons terminé cette journée par une rencontre pleine d’émotion avec Bassam Aramin, palestinien, et Rami Elhanan, israélien, activistes de l’association « Parents Circle Family Forum », une association qui réunit plus de 600 familles ayant perdu un être cher dans le conflit et qui prône la réconciliation et la fin de l’occupation.
Nous nous sommes rendus au camp de réfugiés de Aida (il y en a 3 autour de Bethléem) et y avons rencontré les élèves de l’école du camp mise en place par le programme des Nations Unies pour les Réfugiés palestiniens, UNRWA, pour ensuite rendre visite à l’association « Noor », composée de mères de familles d’enfants handicapés qui a mis sur pied une école pour ces enfants.
Notre groupe a également visité les villes de Jérusalem et Tel Aviv ainsi que le mémorial Yad Vashem qui est consacré à la Shoah.
Tout au long de la semaine, nos jeunes ont rencontré des lycéens israéliens à Tel Aviv, palestiniens à Jérusalem-Est et des lycéens d’une école bilingue (Hand in Hand) à Jérusalem avec lesquels ils ont pratiqué la « joute verbale », un style de rencontre et de débat mis en pratique depuis des années par le MIEC jeunesse en Belgique. Dans ce débat, les participants ne choisissent ni leur équipe, ni leur opinion (pour ou contre) et il s’agit donc de faire preuve d’empathie, d’éloquence et d’esprit d’équipe pour convaincre un jury.
La finale s’est déroulée le 15 Février au “Notre Dame Center of Jerusalem”. Le jury était présidé par Françoise Tulkens entourée de Danièle Kriegel, correspondante de la RTBF à Jérusalem, Hagai El Ad, directeur de la grande ONG israélienne de droits humains “B’tselem” et Génia Helou Raad du Consulat général de Belgique à Jérusalem. Les 3 joutes ont rassemblé des équipes mixtes composées de jeunes belges, israéliens et palestiniens sur des questions telles que « Faut-il abolir les frontières ? », « La religion et l’Etat doivent-ils être strictement séparés ? » et « Faut-il s’engager en politique pour de meilleurs lendemains ? ». Cette expérience inédite a été un immense succès : voir et entendre ces jeunes d’origines si différentes se concerter, se préparer et participer ensemble à ce « jeu » nous a donné l’espoir que, peut-être, ils seraient un jour à même de trouver des solutions à un conflit qui suscite tellement de souffrances et de tensions.
L’aventure n’est pas terminée. Nos jeunes forment maintenant un groupe soudé capable de mieux analyser les tensions liées au conflit israélo-palestinien mais également capable d’appréhender les différentes cultures bruxelloises et leurs richesses. Ces belles rencontres, innovantes, leur permettront, nous l’espérons, de construire ensemble le Bruxelles de demain!
Durant les prochains mois, ce groupe de 47 jeunes réalisera une fresque sur un mur de Bruxelles symbolisant leur expérience, leur voyage et leurs espoirs. En septembre prochain, ils présenteront le film qui retrace leurs parcours et commenceront leur travail d’Ambassadeurs de Nuances. En effet, le projet « Israël-Palestine : pour mieux comprendre » c’est également l’engagement de faire partager cette expérience à de nombreux autres jeunes bruxellois et ailleurs et d’engager le débat sur le conflit israélo-palestinien mais aussi sur nos conflits à la Belge. De septembre 2018 à mai 2019, nos jeunes « Ambassadeurs de Nuances » circuleront dans les écoles avec leur film pour largement partager leur expérience.