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Lorsque la révolution a éclaté en Syrie, dans foulée des soulèvements en Tunisie, en Egypte et dans d’autres pays de la région, l’espoir était grand de voir cette dictature de plus de 4 décennies tomber et le peuple syrien accéder à la démocratie.

Ce que le peuple syrien, qui était descendu pacifiquement dans les rues de plusieurs villes importantes exprimait, c’était cette même aspiration à la démocratie et à la liberté. On avait vu des femmes, des hommes, des jeunes et des vieux, unis dans des manifestations joyeuses, emplies de slogans et de musique, et ce, durant plusieurs semaines.

Personne n’oubliera Deraa, Homs, Alep et les villes et les villages de Syrie dans ces moments d’espoir.

Le pouvoir, ses « Moukhabarat» et son armée ont tout d’abord été surpris par cette explosion mais ils ont très vite réagi par la violence : massacres de civils, arrestations, torture. Des dizaines de milliers de Syriennes et de Syriens ont disparu dans les geôles du régime dans des conditions terrifiantes. Des millions de Syriens ont pris la fuite, une partie importante dans les camps de réfugiés des pays voisins (3 millions en Turquie, 1,5 millions en Jordanie, 1 million au Liban) et plusieurs millions dispersés dans le pays et des centaines de milliers dans les pays de l’UE, particulièrement, l’Allemagne et la Suède, provoquant la « crise de migrants » dans l’UE.

Très rapidement, face à la répression violente du régime syrien, ces manifestations se sont transformées en guerre civile et les armes sont entrées dans la danse du côté des opposants au régime. On a constaté une radicalisation des milices islamistes, mieux pourvues en armes, aux dépens de l’Armée syrienne libre (ALS) qui a progressivement perdu de son influence.

Je ne veux pas entrer dans les détails de cette tragédie qui s’est largement complexifiée à l’intérieur du pays et qui a vu l’intervention progressive de pays étrangers : Arabie Saoudite, Qatar qui financent et arment les groupes islamistes radicaux, Turquie qui a laissé passer armes et groupes islamistes étrangers en Syrie, Iran qui soutient le régime bassiste avec des troupes et par le biais du Hezbollah.

Les États-Unis et l’UE se sont cantonnés à des interventions militaires et économiques très limitées. Et la Russie a profité de cette inactivité et de cette impuissance pour prendre une place déterminante et incontournable comme acteur stratégique par son soutien indéfectible au régime syrien.

Ce qui nous a frappé depuis le début de la révolution syrienne, c’est l’indifférence des opinions publiques en Europe, et particulièrement en Belgique.

Contrairement à la générosité et l’engagement qu’avaient suscité le tremblement de terre et le Tsunami en Asie, la Syrie semblait trop compliquée pour les peuples européens ; l’impression était qu’on avait d’un côté une dictature et de l’autre des islamistes radicaux. On oubliait tout simplement le peuple syrien qui, dans son immense majorité, aspirait à la démocratie et à la liberté !

Dans ce contexte, depuis le début de la révolution en 2011, à Bruxelles, nous avons créé un groupe d’activistes pour confronter ces attitudes attentistes et sensibiliser l’opinion publique belge et européenne à la tragédie que vit le peuple syrien : « Action Syrie ».

Le dimanche sans voiture de cette année, à Bruxelles, nous a rappelé qu’il y a 6 ans exactement, le 16 septembre 2012, journée sans voiture, nous avions organisé une chaîne humaine qui mettait l’accent sur le fait que « l’indifférence tue ». Cette manifestation clôturait un festival de cinéma syrien qui se déroulait à BOZAR ; elle a ensuite cheminé de BOZAR vers le Parlement européen.

J’ai retrouvé plusieurs photos de cette belle journée ensoleillée que je voudrais vous faire découvrir, une journée d’espoir et d’enthousiasme.

Nous avions avec nous, le père Paolo d’All Oglio, un jésuite italien qui, durant plusieurs décennies avait développé à une quarantaine de kilomètres de Damas, un lieu de rencontre et de dialogue à Mar Musa.

Il venait d’être expulsé par le régime syrien.

Deux ans plus tard, il disparut à Raqqa où il s’était rendu pour essayer de négocier avec les leaders de l’EI la libération d’otages syriens.

Quelle tristesse, quelle colère nous envahit quand on voit que le régime Assad, avec le soutien des Russes et des Iraniens, a reconquis presque tout le territoire et qu’il s’apprête à s’attaquer à la seule région encore non conquise, celle d’Idlib où près de 3 millions de civils et plusieurs milliers d’hommes en armes, essentiellement des islamistes radicaux, se préparent à subir des bombardements indiscriminés visant en particulier ces civils sans défense.

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“Action Syrie”, where are we 7 years later?

 

When the revolution broke out in Syria, in the aftermath of uprisings in Tunisia, Egypt and other countries in the region, there was great hope that the dictatorship of more than four decades would fall and the Syrian people would have access to democracy.

The Syrian people, who had peacefully descended into the streets of several important cities, was expressing this same aspiration to democracy and freedom than in other countries of the region. We saw women, men, young and old, united in joyous demonstrations, filled with slogans and music, and this for several weeks.

Nobody will forget Deraa, Homs, Aleppo and the towns and villages of Syria in these moments of hope.

The government, its “Moukhabarat ” and its army were initially surprised by this explosion but they quickly reacted with violence: massacres of civilians, arrests, torture, rape. Tens of thousands of Syrians men and women have disappeared into the regime’s jails in terrifying conditions. Millions of Syrians have fled, an important part to refugee camps in neighboring countries (3 million in Turkey, 1.5 million in Jordan, 1 million in Lebanon) and several millions scattered in the country; hundreds of thousands arrived in EU countries, particularly Germany and Sweden, causing the “migrant crisis” in the EU.

Very quickly, faced with the violent repression of the Syrian regime, these demonstrations turned into a civil war and the weapons entered into the dance on the side of the opponents to the regime. We coule notice a radicalization of Islamist militias, better armed, at the expense of the Free Syrian Army (SLA), which has gradually lost its influence.

I do not want to go into the details of this tragedy that has become much more complex inside the country and has seen the gradual intervention of foreign countries: Saudi Arabia, Qatar, who fund and arm radical Islamist groups, Turkey which has let foreign arms and Islamist groups into Syria and Iran which supports the Alaouite regime with troops and through Hezbollah.

The United States and the EU have confined themselves to very limited military and economic interventions. And Russia took advantage of this inactivity and powerlessness to take a decisive and unavoidable position as a strategic player by its unwavering support for the Syrian regime.

What has struck us since the beginning of the Syrian revolution is the indifference of public opinion in Europe, and particularly in Belgium.

Unlike the generosity and commitment that the earthquake and tsunami in Asia had caused, Syria seemed too complicated for the peoples of Europe; the impression was that we had on one side a dictatorship and on the other radical Islamists. The Syrian people, which for the most part aspired to democracy and freedom, were simply forgotten.

In this context, since the beginning of the revolution in 2011 in Brussels, we, as a group of activists have gathered to confront these wait-and-see attitudes and to sensitize Belgian and European public opinion to the tragedy that the Syrian people are experiencing: “Action Syrie”.

On car-free Sunday in Brussels this year, we were reminded that exactly six years ago, on 16 September 2012 car-free day, we had organized a human chain that emphasized that “indifference kills “. This event closed a Syrian film festival taking place in BOZAR; we then walked from BOZAR to the European Parliament.

I found several photos of this beautiful sunny day that I would like you to discover, a day of hope and enthusiasm.

We had with us, Father Paolo d’All Oglio, an Italian Jesuit who, for several decades, had developed a meeting and dialogue place in Mar Musa, a convent some 40 kilometers from Damascus.

He had just been expelled by the Syrian regime for his support to the revolution.

Two years later, he disappeared in Raqqa where he had gone to try to negotiate with the leaders of the IS the release of Syrian hostages.

What sadness, what anger comes to us when we see that the Assad regime, with the support of the Russians and the Iranians, has reconquered almost the whole territory and that it is about to attack the only region that has not yet been conquered: the region of Idlib where nearly 3 million civilians and several thousand armed men, mainly radical Islamists, are preparing to undergo indiscriminate bombing targeting especially defenseless civilians.

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