Suite aux premières élections municipales démocratiques du 6 mai dernier, sur 348 municipalités les femmes ont réalisé une percée prometteuse en matière de participation politique : 47% de femmes élues conseillères municipales et 68 femmes Maires (Al Bawsala).
Sur les 34 participantes à notre programme « Femmes Leaders de demain » (FLD), candidates aux élections municipales, 12 ont été élues conseillères municipales dont 2 Maires (municipalités de Zaouiet Kontech – gouvernorat de Monastir et de Ajim – gouvernorat de Médenine), 2 Vices-Maires et 3 présidentes de commission.
Le vendredi 13 juillet, AIM a réuni à Tunis, les participantes élues pour faire le point sur leur campagne électorale notamment par rapport aux deux cycles de formation qu’elles ont suivi dans le cadre du programme FLD. Une évaluation d’impact à huis-clos, conduite conjointement par Hafida Bachir, Présidente du mouvement féministe belge Vie Féminine, et Fatiha Saïdi, Echevine, adjointe au Maire à Evere, une commune bruxelloise et membre de notre association, a permis de souligner la nécessité d’approfondir le travail commencé en développement personnel et en construction des capacités politiques.
Les échanges ont aussi porté sur le processus qui a entouré la constitution effective des conseils municipaux suite aux élections, en particulier, les tractations, souvent houleuses, pour la désignation des président-e-s de commission et l’élection des Maires.
Cette discussion a débouché sur l’expression de leurs besoins en tant qu’élues: renforcer leur leadership et leurs connaissances liées à l’exercice du pouvoir à l’échelon local et aux droits des femmes, la construction de coalitions entre femmes élues, l’acquisition d’une méthodologie de travail nécessaire, par exemple, au suivi et/ou à l’implémentation de projets, le développement des compétences liées à la négociation, à la communication politique et avec la société civile, l’approfondissement de leur connaissance des textes légaux nationaux et internationaux sur les droits des femmes, l’organisation des échanges d’expériences entre élues (à l’échelle nationale, régionale et internationale), etc.
La seconde partie de la journée a abordé la question des violences faites aux femmes à partir d’un texte juridiquement contraignant : la Convention d’Istanbul (CI) (https://www.coe.int/fr/web/istanbul-convention/?desktop=true).
Une discussion sur les similitudes entre les lois tunisiennes contre les violences faites aux femmes et certaines dispositions de la CI a permis d’aborder la question stratégique de la mobilisation des instruments internationaux dans leur travail d’élues. A l’instar de la motion adoptée par le conseil municipal de la ville de Charleroi (http://www.charleroi.be/sites/default/files/kcfinder/files/conseil2018/18-05-28/pv18-05-28.pdf), Hafida Bachir a rappelé le rôle des élues locales en matière de droits des femmes et la nécessité de se mobiliser collectivement en partant d’un instrument juridique dont la légitimité ne pourrait être remise en question, particulièrement en Tunisie.
La journée s’est clôturée par une réception organisée en leur honneur par le Délégué général Wallonie-Bruxelles auprès de la Tunisie, Christian Saelens : un moment chargé d’émotion au cours duquel un hommage a été rendu à Maya Jeribi, une femme politique tunisienne exceptionnelle et à Selma Tekiki, (jeune participante au programme FLD) toutes deux décédées récemment.
Au cours de cette réception, nous avons aussi rencontré plusieurs nouveaux élus indépendants : le Maire de l’Ariana, celui de Sidi Bou Saïd ainsi que la Maire-adjointe de La Marsa, Nabila Hamza (qui a prêté serment sur la Constitution et le Coran !).
Autant dire que nos participantes sont rentrées chez elles avec des questionnements multiples, des attentes et des besoins renforcés par les sentiments croissants de leurs responsabilités et de redevabilité politique. Conscientes que la société est plus exigeante face aux femmes en politique, elles sont déterminées à acquérir les compétences, le savoir et le savoir-faire pour être à la hauteur de la confiance de leurs électeurs. Il est donc primordial pour nous de continuer à soutenir les femmes politiques et de multiplier les activités de renforcement de leurs compétences ; le programme FLD porte, modestement, cette ambition.
Pour ce faire, le reste de notre mission à Tunis s’est concentré sur deux volets : un volet réflexion sur la phase 2 de l’accompagnement de nos participantes élues et un volet rencontres-consultations avec des partenaires.
Le cadre global d’intervention du renforcement des capacités de cette seconde phase sera structuré autour de 4 axes :
1. Développement personnel et leadership ;
2. Construction des capacités politiques et acquisition du savoir et savoir-faire ;
3. Construction d’un espace sécurisé de dialogue et d’initiative pour nos participantes élues et non élues ;
4. Echanges d’expériences entre élues (tunisiennes, maghrébines, européennes et reste du monde).
Notre réflexion s’appuie sur une série d’échanges : avec les participantes à notre programme, élues et non élues, avec d’autres femmes également, conseillères municipales telles que Nabila Hamza (Maire-adjointe de la Marsa), Leila Ben Gacem (présidente de la commission finance et gouvernance locale à la municipalité de Beni Khaled) et Béatrice de Lavalette, Adjointe au Maire de la ville de Suresnes et Vice-Présidente de la Région Île de France. Ces femmes dont les parcours impressionnent représentent, en tant que « Roles models », des atouts pour notre programme FLD. Notons que la question de l’échange d’expérience est une demande partagée par tous les acteurs rencontrés. Dès lors, il nous parait évident de soutenir la mise en place de partenariat entre communes, voire même ville, sous un cadre officiel : le jumelage.
Nous avons aussi rencontré nos partenaires associatifs et institutionnels (tunisiens et internationaux) ainsi que les structures d’appui à la décentralisation et au renforcement des capacités des femmes en politique. Dans ce cadre, nous avons rencontré notamment Henda Gafsi du CILG, «Development Centre for Innovative Local Governance » (http://www.cilg-international.org/Fr/news_7_28 ), Nazek Ben Jannet, Directrice de la Fédération nationale des Villes Tunisiennes (FNVT) et l’équipe du Cawtar, le centre de la femme Arabe pour la Formation et la Recherche (http://www.cawtar.org/SitePages/Home.aspx).
Enfin, cette mission a été l’occasion de renforcer nos relations avec nos partenaires institutionnels et pour eux de confirmer leur soutien à notre projet : l’Ambassadeur de Belgique en Tunisie, Michel Tilemans, le représentant du Conseil de l’Europe à Tunis, William Massolin, Christian Saelens, responsable de la Délégation Wallonie-Bruxelles en Tunisie, l’Ambassadeure de Suisse, Rita Adam, l’Ambassadeur de France, Olivier Poivre d’Arvor, l’Ambassadeur d’Allemagne, Andreas Reinicke, l’Institut français de Tunisie et la Délégation de l’Union européenne à Tunis.
Avec le soutien de :