Credit Photo : Poster for a meeting of “Academics for Peace” scheduled in front of Çağlayan Adliyesi. Ayşe ONCU, “An Emergent Political Icon on the Landscape of Istanbul: The Palace of (In)Justice“, 27/10/2016 (Jadaliyya.com)

Je me suis rendue à Istanbul, avec mes collègues André du Bus et Fabian Maingain, des professeurs de l’ULB et de l’UGent et des journalistes (Christophe Lamfalussy a écrit un article sur notre mission dans La Libre), ces 21 et 22 décembre 2016, pour assister au procès de quatre universitaires turcs. Ils sont accusés de « propagande terroriste » pour avoir signé avec près de 2000 collègues, une pétition intitulée « Nous ne serons pas complices de ce crime » le 11 janvier 2016 en faveur d’une solution pacifique dans le Sud Est de la Turquie.

Avec mes collègues du Parlement bruxellois, Fabian Maingain et André du Bus

Avec mes collègues du Parlement bruxellois, Fabian Maingain et André du Bus

Le processus de paix avec le PKK et les Kurdes du Sud-Est de la Turquie avait été initié en 2013 par Erdogan lui-même mais avait rapidement été jeté aux oubliettes au lendemain des élections de juin 2015, lorsque le parti du Président, l’AKP, a perdu sa majorité absolue au Parlement avec l’entrée de 14% de députés du parti proche des Kurdes et de la gauche.

2000 chercheurs et enseignants universitaires turcs avaient signé cette pétition en janvier 2016. Les représailles ne se sont pas fait attendre puisque nombre d’entre eux ont perdu leur emploi, tandis que d’autres sont actuellement sous le coup de procédures disciplinaires. Le procès de Muzaffer Kaya, Esra Mungan Gürsoy, Kıvanç Ersoy et Meral Camcı, auquel nous avons assisté, est d’une importance capitale puisque si ceux-ci devaient être condamnés, cela créerait un dangereux précédent dans une Turquie qui ne cesse de s’enfoncer dans l’autoritarisme.

Le procès a finalement été reporté. Mais nous avons pu échanger avec  ces universitaires qui nous ont expliqué qu’au-delà d’une condamnation, la répression du régime avait des conséquences désastreuses sur leurs vies professionnelles et personnelles : beaucoup ont perdu leur emploi et sont désormais considérés comme des traitres à la nation.

C’est pour ces raisons que l’ULB a lancé une chaire de solidarité qui vise à accueillir des chercheurs turcs licenciés pour leur engagement dans la défense des droits humains et de la démocratie.

Plus que jamais, nos interlocuteurs sur place, nous ont affirmé que la présence et le soutien de représentants du monde politique international, de collègues universitaires et de la presse internationale, était essentiel pour eux  et pour leur permettre de poursuivre leur combat pour plus de démocratie. Nous ne cesserons pas de les soutenir !

img_6731

Avec André du Bus devant le Palais de Justice d’Istanbul