Les mots manquent pour exprimer notre rage et notre indignation face au martyre de la ville d’Alep, qui est le symbole des souffrances indicibles du peuple syrien. Cela avait débuté par une révolte d’un peuple descendu dans les rues des grandes villes de Syrie pour demander la démocratie et exiger la liberté dans la foulée des révoltes en Tunisie et en Egypte. Les Syriens croyaient alors qu’ils pourraient se libérer d’une dictature familiale brutale qui les dominait depuis près de 50 ans.
Face à la violence de la réaction du régime de Assad, ils ont vite été obligés de déchanter et cette révolution pacifique s’est transformée en guerre civile militarisée dans laquelle sont intervenues des puissances régionales qui en ont fait leur aire de jeu et de pouvoir. Les groupes islamistes ont fait leur lit sur cette catastrophe et DAESH a émergé en Irak et en Syrie, semant la haine, la mort et s’exportant à l’échelle internationale. En Europe, nous recueillons le fruit de notre impuissance: un nombre limité (1,5 millions de réfugiés) et la mobilisation d’une partie (infime) de notre jeunesse aux côtés des islamistes radicaux. L’ordre poutino-assadien règne à Alep maintenant et dans la plus grande partie de la Syrie, avec le soutien des milices chiites du Hezbollah, des Afghans, et de troupes iraniennes.
L’avenir ne s’annonce pas prometteur pour cette région du monde et nous, Occidentaux, Américains et Européens, nous portons une immense responsabilité dans cette tragédie. Nous en resterons marqués comme nous l’avons été par la Shoah, le massacre de Srebrenica ou le génocide au Rwanda.
Que pouvons-nous faire à notre niveau ?
Yassin al-Haj Saleh, militant des droits de l’homme syrien, est venu au Parlement nous parler de la situation dramatique que connait son pays. Son épouse Samira Khalil a été enlevée il y a trois ans, auprès de Razan Zeitouneh, autre grande figure de l’opposition syrienne et leurs 2 compagnons dans le quartier de Douma à Damas, par des membres d’un groupe islamiste. Il n’a depuis aucune nouvelle d’eux. Yassin nous a délivré une analyse importante de la situation qui prévaut dans son pays, un message empreint de courage et d’optimisme. Il nous a aussi rappelé que les régimes autoritaires, en détruisant toute vie politique, ont fait le lit des djihadistes.
Ce mardi, comme tous les mardis depuis 3 semaines, nous avons manifesté avec Action Syrie et Amnesty International pour dénoncer les bombardements russes en Syrie et en particulier à Alep, et attirer l’attention de la communauté internationale. Nous continuerons de manifester chaque semaine de 18.00 à 19.00 devant la Mission de Russie auprès de l’UE (31-33 Boulevard du Régent, 1000 Bruxelles).
Mon intervention lors du sit-in: