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Ces dernières années ont été marquées par des événements terroristes qui ont endeuillé les communautés juive et musulmane à travers le monde. Les manifestations de soutien et de solidarité des deux communautés l’une envers l’autre nous montrent l’importance de nous unir face à la haine raciste sous ses différentes formes.

Le 27 octobre 2018, un terroriste pénétrait dans une synagogue de Pittsburgh et tuait 11 personnes de sang-froid. Robert Bowers, un suprémaciste blanc avait alors hurlé un slogan : « Tous les Juifs doivent mourir ». Deux heures auparavant, il postait sur ses réseaux sociaux une attaque virulente contre HIAS, une organisation juive américaine qui aide les réfugiés aux États-Unis et dans le monde : « Le HIAS aime faire venir des envahisseurs qui assassinent notre peuple. Je ne peux pas rester assis quand je vois notre peuple être massacré ».

Dans la foulée de cette attaque, la communauté musulmane de la ville se mobilisait en solidarité avec la communauté juive endeuillée et lançait une campagne de collecte de fonds pour aider les familles des victimes réunissant plus de 150.000$. Un des initiateurs écrivait sur la page de la campagne : « Nous voulons répondre au mal par le bien, comme notre foi nous le dicte et envoyer un message de compassion au travers de l’action ». Cette campagne a réuni 70% environ de musulmans et le reste venant d’autres communautés. En agissant de la sorte, les responsables affirmaient qu’une attaque contre des personnes d’une religion est une attaque contre toutes les religions.

Le 15 mars dernier, un suprémaciste blanc massacrait 50 musulmans lors de la prière du vendredi dans deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Inutile de revenir sur la réaction formidable de la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern qui s’est rendue à plusieurs reprises auprès des familles de victimes, la tête recouverte d’un voile. Les responsables politiques du pays n’ont pas hésité à annoncer dans la foulée que les fusils d’assaut seraient interdits très prochainement dans le pays.

Le soir-même de l’attaque, toutes les synagogues de Christchurch fermaient leurs portes en solidarité avec les victimes.

Les musulmans ne représentent que 1% de la population du pays mais une semaine après la tragédie, les femmes non musulmanes du pays ont été invitées à porter le voile en signe de solidarité. L’appel à la prière a été diffusé sur les chaînes publiques de radio et de télévision (Radio New Zealand et TVNZ), suivi par deux minutes de silence qui ont été respectées à travers tout le pays, y compris dans les aéroports.

Et cette fois, en solidarité avec les victimes de Christchurch, la communauté juive de Pittsburgh s’est mobilisée à son tour et a lancé une campagne de crowdfunding qui a déjà réuni plus de 150.000$. Le message rappelle la solidarité dont a bénéficié la communauté juive de Pittsburgh de la part de « ses frères et sœurs musulmans »

Et, ce vendredi, une grande synagogue de Manhattan, la « Central Synagogue » accueillait dans ses murs, 600 membres de la communauté musulmane, la « Islamic Society of Mid-Manhattan » dont la mosquée avait été partiellement détruite par le feu deux jours auparavant. Ce fut un moment d’émotion intense, inoubliable, tant pour les juifs, que pour les musulmans, un moment que les participants « raconteraient à leurs enfants et leurs petits-enfants ».

Face à la montée d’un racisme fasciste et violent de la part de femmes et d’hommes qui, dans le monde, voient l’Autre, celui qui est différent, qui vient d’ailleurs comme une menace, le moment est venu pour les citoyens du monde, et particulièrement pour les musulmans et les juifs (et pas seulement les religieux, mais aussi celles et ceux qui ressentent un attachement à leurs identités ), pour tous les citoyens de notre monde en mutation de nous unir dans ce combat pour le respect et la dignité de tous, pour la rencontre et le dialogue qui sont essentiels pour construire un demain qui sera inévitablement empli de défis.

Dans notre Région de Bruxelles-Capitale, tirons les leçons de ces actes de solidarité et de cette mobilisation entre des communautés qui entretiennent trop souvent et depuis trop longtemps une méfiance et des préjugés qui contribuent à renforcer le rejet de l’autre.

Simone Susskind

 

Those recent years were marked by terrorist events which hit the Jewish and Muslim communities in the world.

The demonstrations of support and solidarity between the two communities show the importance of uniting in front of racist hatred in different forms.

On 27 October 2018, a terrorist entered the Pittsburgh synagogue and killed cold blood 11 people. Robert Bowers, a white supremacist shouted a slogan: “All the Jews must die”. Two hours earlier, he posted on his social networks a virulent attack against HIAS, a Jewish American organization which supports refugees in the US and abroad: “HIAS likes to help invaders to come here and assassinate our people. I cannot sit when I see our people being massacred”.

Following this attack, the Muslim community of mobilized itself in solidarity with the wounded Jewish community and launched a fundraising campaign to support the families of the victims, gathering 150.000$. The initiators wrote on their Facebook page: “We want to answer to evil through good, as our faith dictates and send a message of compassion through action”. The campaign mobilized around 70% of Muslims, the rest came from other communities. The message was clear: an attack against people of one faith is an attack against all religions.

On 15 March, a white supremacist massacred 50 Muslims in two mosques during the Friday prayer in Christchurch in New Zealand. The reaction of the Prime Minister Jacinda Ardern was striking; she visited a few times the families of the victims, wearing a headscarf in solidarity. The political leaders of the country didn’t hesitate to announce that combat rifles would be forbidden very soon.

The very same evening of the attack, all the synagogues of Christchurch remained closed in solidarity for the victims.

The Muslims represent only 1% of the New-Zealand population but one week after the tragedy, the non-Muslim women of the country were invited to wear a veil in solidarity. The call to prayer was issued on all the public radio and television networks (Radio New Zealand et TVNZ) and were followed by 2 minutes of silence in the country and also in the airports.

And this time, in solidarity with the victims of Christchurch, the Pittsburgh Jewish community launched a crowdfunding campaign which gathered more than 150.000$. The message recalls the solidarity experienced by the Pittsburgh Jewish community from its “Muslim sisters and brothers”.

And last Friday, an important Manhattan synagogue, “Central Synagogue” welcomed 600 members of the Muslim community, the ”Islamic society of Mid-Manhattan” after their mosque was accidentally burned a few days earlier.

It was a great moment of intense emotion, unforgettable for Jews and Muslims, “a moment that they would pass to their children and grandchildren”.

Facing a violent and fascist racism from women and men who see the “Other”, the one who is different, who comes from elsewhere as a threat, time has come for citizens of the world, and particularly Muslims and Jews (not only religious people but also those who feel a strong link to their identities), for all the citizens of our quickly changing world to unite in this fight for respect and dignity for all, to dialogue which essential elements to build a tomorrow which is full of challenges.

In our Brussels region, let’s draw the lessons from those acts of solidarity and mobilization between communities which entertain since too long and too often, mistrust and prejudices which contribute to the rejection of the others.

Simone Susskind

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